Antoine Hénaut

Il vit loin de tout, loin des routes, loin du tumulte, loin des villes. Il n’a pas le permis. Il vit depuis toujours dans un hameau, Les Honnelles, au bord d’une frontière franco-belge perdue, à 20 km au sud-ouest de Mons. Avec des chats, des oiseaux, sauvages et domestiques, et un cheval. Et il n’en a jamais bougé, des Honnelles, « parce que c’est le village de mon enfance, que je suis très attaché à la région, aux paysages, aux odeurs et aux gens d’ici ».

Même s’il continue par un «Mais j’adore découvrir d’autres lieux, hein ! J’aime rencontrer d’autres gens . Un peu comme quand on va au cinéma, puis qu’on rentre chez soi. » Et c’est vrai qu’il voyage quand même, Antoine : pour la réalisation de cet album, il est par exemple allé à Charleroi très souvent, chez son ami Jérôme Hiernaux, qui y possède un petit studio d’enregistrement dans le grenier de la maison de sa maman. Ils y sont restés, à deux, pour des sessions de 2 ou 3 jours, où ils ont fait toutes les prises de voix et de guitares, et de basse, et beaucoup de batterie, et aussi passés des nuits à causer de ces chansons, de musique, et de la vie qui passe, et file entre les doigts. C’est ça, les voyages d’Antoine Hénaut, aventurier du quotidien.

Avant ces enregistrements, autres voyages, ils avaient joué les chansons dans une bonne quinzaine d’endroits chaleureux de Wallonie (quelques bistrots, et aussi chez les gens, devant des audiences de 40 à 100 personnes), histoire de les tester, à l’ancienne. Pour cet exercice, ils étaient quatre, avec 2 amis de Jérôme : Hugo Adam batteur, et Philippe Quéwet, bassiste-trompettiste-claviériste-sousaphoniste et bien d’autres instruments encore.

Et c’est là qu’Antoine a retrouvé l’appétit, l’envie de rester chanteur. Cette envie qui l’avait quitté quand était sorti son album ‘Poupée Vaudou’, et que son papa s’en était allé. Son papa, son premier public, tellement précieux à ses yeux. « J’ai perdu alors mon meilleur auditoire, le regard dont j’avais besoin. Et aller chanter partout « La vie s’écoule » (le single qui passait alors à la radio) dans ces moments, c’était vraiment pas facile. » « Ecrire est parfois un bon moyen de faire son deuil, je pense par là essentiellement à mon père et mon grand frère. D’ou le côté peut-être assez sombre et plus personnel de certains titres qui pour la plupart traitent du temps passé ou à passer ».

« Après la mort de mon père, je ne voulais pas continuer. Mais petit à petit, en faisant ces concerts, l’envie est revenue. Cet album, c’est vraiment un album de copains, et c’est ça mon moteur. Il y a Jérôme, Philippe et Hugo. Il y a Arnaud que je connais depuis toujours qui s’est lancé dans un clip. Il y a Harry mon ami dessinateur qui m’a permis de faire mon marché dans ses nombreux carnet. Il y a évidemment Mara, épouse et manageuse, et
photographe. Et c’est aussi une sorte d’histoire de famille, avec mon label qui me soutient depuis le début. »

Le copain, c’est aussi une chanson de l’album, transfigurée par les arrangements de Philippe Quewet, et jouée par une fanfare composée de ses amis. « Parce qu’on a tous connu cette fille qui nous considère comme son meilleur copain, mais pas son petit ami… »

Toutes ces petites aventures, toutes ces rencontres, ont amené les chansons une à une, et quand il s’est agi de les assembler, le titre de l’album s’est imposé : « Par Défaut »
« Ce sont des portraits de gens. Et moi j’aime les gens, ceux qui n’ont pas de problèmes à être ce qu’ils sont. « Par défaut », c’est un peu se contenter de ce qu’on a, aussi. Puis j’en fais une histoire, un petit scenario de film »

Et quand on lui demande quels sont ses influences, les gens qu’il écoute beaucoup, arrivent quelques noms qui ne surprennent pas, comme Vincent Delerm (« J’adore. Ses chansons sont des films. Ecoutez « La vipère du Gabon » !), ou Arno (« La chanson « Je veux nager », simple et pourtant… »). Plus étonnant, Antoine se révêle amateur de jazz, et écoute souvent Jean-Sébastien Bach et Eric Satie. « Et, mais je sais pas pourquoi, car je suis plutôt agnostique, la messe à la radio, le dimanche matin ».


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Poupée Vaudou

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Par Défaut

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